Des partisans du Amal, lors des funérailles du chef militaire Ayman Idris, à Khiam.


 Funérailles d’un chef militaire à Khiam, fief du Amal

(Nabatieh, Khiam, 26 août 2024)

 Les jours se suivent et se ressemblent au Sud-Liban. Fin août, les affrontements entre l’armée israélienne et le mouvement Amal, allié du Hezbollah dans les combats engagés depuis le 8 octobre2023, sont quasi quotidiens. Et les drones de Tsahal manquent rarement leur cible. Cette fois, c’est un responsable militaire, Ayman Idris, qui a été éliminé le 25 août. Comme souvent, c’est le véhicule à bord duquel il se trouvait qui a été visé et déchiqueté par la puissance de l’explosion, ne laissant aucune chance au passager.

Les funérailles organisée en grandes pompes dès le lendemain, comme le veut la tradition musulmane, se déroulent en deux temps. La cérémonie débute à Nabatieh, ville du Sud-Liban de plus 80.000 habitants, à l’intérieur des terres. Une rue a été réquisitionnée pour accueillir les proches du martyr. Sur la tribune, les officiels se succèdent et rendent un ultime hommage « à leur frère d’armes ». Puis, le cercueil est placé dans l’ambulance et prend la direction de la ville de Khiam, distante de 24 kilomètres, où a lieu l’inhumation.

Tirs de fusils automatiques

Des hommes armés de kalashnikov tirent plusieurs rafales en l’air alors que le cortège de véhicules atteint les faubourgs de la cité libanaise. Les plus jeunes, au guidon de leur scooter, brandissent fièrement les drapeaux du mouvement Amal. La route sinueuse bordée de paysages magnifiques s’étire vers l’est. Cette zone du Sud-Liban, tout près de la frontière avec la Syrie, est régulièrement ciblée par l’aviation israélienne. En traversant de Khiam, des maisons détruites renseignent sur la fréquence des bombardements.

De nouveaux coups de feu retentissent lorsque l’ambulance arrive à destination. Le cercueil est alors porté sur les épaules de la foule avec une ferveur peu commune. Ayman Idris était un chef apprécié et respecté dans les rangs de la formation militaire. Tout le monde veut toucher, porter à son tour le corps du martyr jusqu’à sa tombe. Une mêlée indescriptible scandent les chants à la gloire du défunt et du mouvement chiite. Au cimetière, de nouveaux tirs retentissent avant que le corps enveloppé du traditionnel linceul soit déposé en terre. Dans la foule, un cordon s’ouvre afin que les femmes viennent une dernière fois pleurer un fils, un frère, un mari.

Les funérailles s’achèvent vers 18 heures alors qu’au loin, à un kilomètre à peine, deux bombes explosent au sol dégageant un panache de fumée. La guerre a déjà repris ses droits.


Cérémonie et discours d’un officiel du Amal à Nabatieh.

Des membres de la famille d’Ayman Idris, chef militaire du mouvement Amal, tué le 26 août par un missile israélien.

Un jeune homme venu assister aux funérailles tient dans une main le portrait d’Ayman Idris. 

Le service d’ordre est assuré par des membres du Amal reconnaissables à leur tenue camouflage noire et l’écharpe verte. Derrière, des hommes portent le cercueil vers l’ambulance qui prendra la direction de Khiam, à 24 kilomètres à l’est.

Un homme brandi le portrait de cet ancien chef militaire du parti chiite.

Des adolescentes, « supportrices » du Amal, en marge des funérailles à Nabatieh.

Les chefs religieux lors d'une ultime prière entourés de membres de la famille et de partisans. 

Les drapeaux du Liban et du parti chiite Amal flottent parmi la foule.

Khiam, ville frontalière avec la Syrie, est bombardée quotidiennement par l'artillerie et l'aviation de Tsahal. 

A Khiam, les hommes se rassemblent derrière le camion sonorisé. Bientôt, le cortège va s'élancer dans les rues de la ville frontalière avec la Syrie. 

La main sur le coeur, comme le veux la tradition, les hommes accompagnent le défunt jusqu'à la tombe. 

Le chemin qui mène au cimetière est pentu obligeant les partisans du Amal à s’entraider pour porter le cercueil.

Arrivés au cimetière, les partisans du Amal continuent de scander les slogans à la gloire du martyr. 

Le cortège arrive au cimetière de la ville. 

Le corps enveloppé d’un linceul est déposé dans la tombe sous le regard des membres de la famille.

Des femmes vêtues de noir quittent le cimetière en silence. Au loin, deux explosions retentissent. L'armée israélienne bombarde des positions du Amal à moins d'un kilomètre. 

Une maison endommagée par une frappe israélienne... La guerre s'est exportée au Sud-Liban dès le début du conflit en octobre 2023 et rythme le quotidien de la population qui, lorsqu'elle le peut, tente de rejoindre le nord du pays. 

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