DAVID ALLIGNON

Vovchansk : l'évacuation des civils

Depuis le 10 mai, 5 heures du matin, les forces armées russes sont engagées dans une bataille près de Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine. Cette offensive oblige les soldats ukrainiens à s'adapter et à abandonner certaines de leurs positions. À Vovchansk, les combats et bombardements sont incessants. Les autorités ukrainiennes ont procédé à l'évacuation d'urgence de milliers de civils. J'ai pu recueillir, le 11 mai, le témoignage de ces hommes et femmes qui, en quelques minutes, ont abandonné tout ce qu'ils avaient mis une vie entière à construire. ( cliquez sur la photo pour afficher la légende ).

Depuis l'offensive russe du 10 mai, la citée rurale s'est vidée de ses habitants. Plus de 6.700 personnes, pour beaucoup des personnes âgées, ont été évacuées par les services de police. Autant de vies détruites.

Le policier ukrainien et ces habitants de Vovchansk scrutent le ciel à l'écoute d'un drone russe. Quelques minutes plus tard, un avion a largué deux bombes à environ 500 mètres.

Dès le matin du 10 mai 2024, les soldats russes progressent dans les faubourgs de la ville précédés par des vagues de bombardements. L'aviation russe pilonne les installations militaires et civiles sans distinction.

Le 10 mai, une bombe s'est écrasée sur la maison de Serhii Kotsar, 65 ans. Au milieu des ruines, cet habitant, encore choqué et blessé à la main droite, accepte tout de même de répondre aux questions des journalistes de la BBC et du Kyiv Independent.

Cet autre habitant de Vovchansk est venu soutenir son ami Serhii Kotsar dont la maison a été détruite la veille par l'aviation russe. Il lui donne un peu de pain et repart à vélo. L'un de ces moments fugaces que l'on oubli pas.

Des journalistes de la BBC et du Kyiv Independent, et un policier ukrainien, quelques secondes après un bombardement de l'aviation russe dans l'un des quartiers de la ville.

Le samedi 11 mai, vers 15 heures, les policiers sont alertés par un habitant qui a découvert un corps. L'homme a été tué quelques heures plus tôt de deux éclats d'obus qui ont traversé la barricade de sa propriété. Une victime civile de plus...

Un policier découvre les papiers d'identité du défunt dans un sac qu'il avait laissé dans le garage, juste à côté de sa moto. Âgé d'une quarantaine d'années, il est mort dans cour. Seul.

Combien de victimes civils et militaires depuis le 10 mai à Vovchansk ? Difficile à dire. Les autorités ukrainiennes tiennent ces informations secrètes. Le corps de cet homme a été emmené à la morgue dans un hôpital de Kharkiv.

Dès le début des combats, les autorités ukrainiennes ordonnent l'évacuation des civils. Cette tâche revient aux policiers qui frappent aux portes des habitants qui n'ont pas encore quitté la ville.

L'évacuation concerne surtout des personnes âgées parfois invalides comme cet homme de plus de 80 ans. Les policiers le portent jusqu'à la voiture avant de le conduire dans un village à une dizaine de kilomètres de la ligne de front.

Face à cette poussée russe, les civils n'ont pas d'autres choix que de tout abandonner derrière eux. Un déchirement indescriptible.

Ces habitants de Vovchansk reprennent des forces avec une collation. Tous espèrent revenir au plus vite dans la ville où ils ont vécu toute leur vie.

Les autorités ukrainiennes vérifient les identités de chaque personne évacuée. Ensuite, les personnes sont transportées jusqu'à Kharkiv pour y être mises en sécurité.

A leur arrivée dans ce village éloigné d'une dizaine de kilomètres des combats, les familles sont accueillies par des ONG et des bénévoles qui leur apportent un soutien immédiat.

Cet homme n'a pu emporter avec lui seulement ces affaires contenues dans ces quelques sacs, sans espoir, pour l'instant, de revenir en arrière. Comment, dans ces conditions, envisager l'avenir ?

Ces policiers de Vovchansk ont procédé à l'évacuation des habitants de la ville sous le feu des soldats russes. Des héros parmi d'autres, comme l'Ukraine en compte beaucoup.

La stratégie de l'armée russe est toujours la même : bombarder intensivement les zones urbaines. Le 11 mai, les dégâts étaient déjà très importantes. Aujourd'hui, certains quartiers de Vovchansk sont en grande partie détruits.

Une personne âgée de Vovchansk assiste, presque imperturbable, à l'évacuation des habitants du quartier sous les bombardements de l'aviation russe.

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