DAVID ALLIGNON

Izioum : "La cueillette des roquettes"

Les soldats ukrainiens, confrontés depuis plusieurs mois à une pénurie de munitions, font preuve d'une ingéniosité et d'un courage remarquables. A Izioum, c'est le système D qui prévaut. La brigade Bureviy (tempête), du commandant Boroda, récupère et répare les roquettes Grad qui n'ont pas explosé. Sans avoir été formés au déminage, ils partent à "la cueillette des roquettes" sur les lieux d'anciennes batailles. Un travail dangereux mais indispensable pour poursuivre la guerre.

Izioum, au sud-est de Kharkiv, a été le théâtre de combats acharnés entre les armées russe et ukrainienne dès le début de la guerre. Les vestiges des affrontements successifs sont encore bien visibles, comme ces munitions abandonnées dans cette forêt.

Les soldats de la brigade Bureviy connaissent bien cette forêt. A l'automne 2022, les forces ukrainiennes sont parvenues à reconquérir cette zone occupée par les Russes où plusieurs charniers ont été découverts.

Les obus et roquettes laissées à même le sol se comptent par dizaines. S'aventurer ici est extrêmement dangereux. C'est pourtant dans cette forêt que les soldats de Bureviy s'approvisionnent en munitions.

Pour faire face à la pénurie de munitions, ces soldats ukrainiens récupèrent les projectiles qui peuvent encore servir. Sans avoir suivi de formation au déminage, ces autodidactes prélèvent des roquettes Grad qu'ils réparent ensuite.

Cette roquette Grad s'est figée dans un arbre et n'a pas explosée. Toute la zone est jonchée de d'obus et d'explosifs divers. Pour autant, aucun panneau ou avertissement n'indiquent le danger. La piste qui traverse cette forêt n'est pas interdite.

Avant d'être réutilisée, la roquette est démontée et analysée. Tous les composants sont vérifiés un à un. Lorsque certains sont défectueux, le commandant passe commande sur internet. Sans moyens, c'est le système D qui prévaut.

L'un des soldats de la brigade est électricien. C'est à lui que revient la tâche délicate de remettre en état toutes les connexions de mise à feu.

Une fois les roquettes remises en état, les soldats peuvent effectuer un à deux lancement en direction des positions russes, selon le nombre de projectiles dont ils disposent.

Les coordonnées de la cible sont transmises par l'armée régulière. Lorsqu'ils arrivent sur la zone de tir, les soldats savent parfaitement ce qu'ils ont à faire. Le commandant a attribué le rôle de chacun et dirige les opérations.

Plusieurs dizaines de minutes se sont écoulées depuis notre arrivée. Les soldats prennent leur temps. Ils ne disposent que de quatre roquettes. Le commandant Boroda s'assure que les missiles atteindront bien leur cible située à 16 km.

L'ordre de tir a été confirmé. Un soldat actionne l'alimentation électrique et court se mettre à l'abri. Trois roquettes sont prêtes à être lancées.

Les commandes de tir juste avant la mise à feu des roquettes.

Les roquettes Grad jaillissent des tubes dans un vacarme effroyable. Sur les quatre lancées vers les positions de l'armée russe, l'une d'entres elles n'a pas fonctionné. Les soldats ont l'habitude. La roquette sera "réparée" et utilisée la prochaine fois.

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